Des caisses pleines de pommes de terre

On savait les surfaces consacrées aux pommes de terre de conservation en hausse de 1,3 % dans les cinq pays européens producteurs : France (+ 4 %), Allemagne, Belgique, Grande-Bretagne et Pays-Bas. Avec un rendement moyen prévu à 47,3 t/ha, la récolte s'annonce prometteuse pour tous ces pays. S'il semble que les pieds présentent moins de tubercules qu'habituellement, ces derniers paraissent plus gros, voire surcalibrés. En outre, les conditions d'arrachage sont très bonnes.

Bref, « une récolte potentielle historique », selon le NEPG (1). « Potentielle », car des interrogations liées aux conditions humides depuis mi-juillet persistent toutefois. Du coup, les producteurs pourront-ils récolter toute leur production ? Comment les tubercules vont-ils se conserver durant la période de stockage ? Quoi qu'il en soit, les volumes conséquents prévus pèsent à la fois sur le marché du frais et de l'industrie. « Les prix sont plus de deux fois inférieurs à ce qu'ils étaient l'année dernière à la même période », observe François-Xavier Broutin, de l'UNPT (Union française des producteurs de pommes de terre). De quoi susciter l'attention des acheteurs d'aliment pour bétail ou des transformateurs. D'autant que la teneur en matière sèche dans les pommes de terre cette année est élevée (malgré un plus fort taux de pommes de terre vertes, difformes et pourries). Ces niveaux de prix peuvent également créer des opportunités à l'exportation, en particulier vers l'Afrique du Nord. Cela pourrait compenser des pertes de marché vers la Russie et l'Europe de l'Est, qui voient également leur production croître. Mais qui, passé l'hiver, auront toujours besoin des pommes de terre d'Europe de l'Ouest, ne serait-ce que pour pallier des conditions de stockage pas toujours optimales.

Renaud Fourreaux

(1) Le North-western European Potato Growers regroupe les organisations de producteurs de pommes de terre des cinq principaux pays européens producteurs.